La Baie de la Tentation

Briefing de l’enfant dans la voiture alors qu’on longe la baie de Cayola.
« Bon, Kelyan, qu’est-ce qu’on fait ? On rentre manger à la maison ? » -« Oh non, moi veux Kikomane ! » (pour une raison inconnue, Kelyan n’arrive jamais à dire ‘restaurant’et ça se transforme toujours en ‘kikomane’,qui lui-même ressemble beaucoup à ‘kikomande’ pour dire ‘médicament’)
« Tu es sûr que tu ne veux pas manger à la maison, maman va faire des courgettes ? » -« Non, moi veux kikomane !! » -« Bon, bah alors il faut promettre d’être très gentil car tu vois le beau restaurant qu’on t’as déjà montré ? Et bien c’est un très beau restaurant alors il faut être bien sage » -« Oui, moi bien sage, ai droit à une sucette » (pour la sucette, on repassera…)
On se gare donc sur le parking du Cayola, la réservation ayant été passée l’avant-veille 😀 Il s’agissait là d’une petite mise-en-scène parentale pour s’assurer que Kelyan saura se tenir dans son/notre premier restaurant une étoile*


Devant


Derrière

On nous installe à une des meilleures tables avec vue sur mer, demande expresse de ma part au téléphone deux jours plus tôt…

Kelyan a la place d’honneur face à la mer et aux petits oiseaux qui se posent sur le rebord de la piscine. « Moi veux aller à la piscine et moi veux du vin » dit-il en s’emparant du magnifique verre trônant à droite de ses couverts en argent Christofle. Regard soucieux des deux parents. On se rassure comme on peut. Ça doit être le temps qu’il prenne ses marques dans ce nouveau lieu…

La serveuse nous apporte la carte des apéritifs. « Moi veux des friiites », lance devinez-qui. Sourire attendri (et professionnel) de la serveuse. Regard réprobateur des deux parents. L’enfant l’a compris. Difficile d’être puni dans un tel lieu. Il doit savoir instinctivement que la punition au coin dans ce genre d’endroit ça ne doit pas arriver souvent et le haussement de ton non plus.
Bref… Un Campari pour Thibaut, un jus d’orange pour Kelyan et un jus d’ananas pour moi. Nous sommes servis. Kelyan se sent d’humeur à faire sa forte tête et prend son verre de jus d’orange brusquement en le secouant dans tous les sens. Je tente de l’empêcher d’en renverser partout et c’est là que je renverse moi-même tout mon verre de jus d’ananas sur la belle nappe repassée à la perfection. Dix minutes qu’on est là et notre table ressemble à un champ de bataille.

Les serveurs s’affairent, épongent, époussètent (oui, il y a déjà plein de miettes de pain aussi) et minimisent poliment l’ampleur des dégâts. On m’apporte même un autre verre que je dégusterai les joues rougies par la gêne. Kelyan, vexé et conscient d’avoir créé cet incident pleure à chaudes larmes (de crocodile) histoire d’attendrir un peu l’assistance et jette un coup d’œil de temps à autre pour voir si ça marche. En tous cas pas avec nous. Diverses punitions applicables dès notre retour à la maison se succèdent d’ores et déjà dans nos têtes.
On se prend quand même à admirer la magnifique vue ainsi que le décor chic et paisible du restaurant. On nous tend la carte. Peu de temps nous sera nécessaire pour choisir notre menu, une étude préalable et approfondie ayant déjà eu lieu lors de nos divers arrêts devant l’entrée du restaurant.

Non, ce ne serait pas très raisonnable quand même. Un restaurant une étoile ce n’est pas tellement dans nos prix en ce moment, d’autant qu’il faut compter le vin… Mais c’est vrai que ça a l’air délicieux… Et puis cette vue du restaurant posé à l’extrémité de la baie… Et il y a même une piscine qui donne sur la mer juste devant la terrasse… Remarque, les premiers menus du midi et même le menu Saveur par exemple ne sont pas excessifs au vu de ce qui est proposé… C’est sûr, mais avec Kelyan ce n’est pas très pratique… Ok,mais faut pas oublier que quand on le briefe bien avant, il reste sage maintenant et il commence à manger des menus enfants, ça devrait pouvoir le faire… Bah ça nous mettrait le tout à combien environ ?… Remarque, pour un restaurant comme celui-là, c’est pas si cher… Tu t’imagines l’équivalent sur Paris ?
La réservation par téléphone ne se fera pas plus attendre. Et on arrive encore à se demander comment, immanquablement et invariablement, les choses se terminent toujours de la même façon. Mais comme dirait un de nos amis philosophe qui nous est très cher (pun partially intended) répondant au doux nom de Manu : »je ne dépense pas trop, je vis au-dessus de mes moyens ! » ^^

« Un menu enfant et deux menus Saveur, merci ». On y est, la commande est passée. Il ne reste plus qu’à attendre « patiemment » et « tranquillement » d’être servis. On octroie à Kelyan le droit de gouter du bout des doigts l’eau de la piscine.

On lui interdira cependant d’enlever ses chaussures pour se jeter dedans… Le retour sur sa chaise se fait non sans mal et regards sombres, mais on y arrive finalement.

Les plats se succèdent (pré entrées, entrées…) et les subtiles saveurs se mélangent de façons habile et délicate.


Kelyan se délecte de son saumon fumé sur place. La nappe n’a pas encore eu le temps de sécher.


Kelyan mangera même son citron !

Ci-dessous notre entrée :

Je me concentre alors sur la joie du moment, ce bonheur de manger en famille dans un tel lieu avec mes deux hommes. C’est tout à mon honneur me direz-vous. Soit, mais j’essaie surtout d’échapper aux conversations des deux couples de sexagénaires assis à la table à côté de la nôtre. N’y voyez là aucun racisme anti-vieux (quoi que…) mais du début à la fin du repas, ils n’ont parlé QUE de leurs connaissances mortes ou malades ou bien en passe de l’être (soit mortes ou malades). Et puis il y a la dépression des conjoints survivants aussi, qui à leur tour tombent malades et ça n’en finit pas…
Toutefois, ils savent se détendre avec la serveuse qui leur apporte les plats et se félicite de leur grand appétit. « Ma chère dame, si vous saviez, même quand je suis à l’hôpital je mange, alors c’est vous dire… », lancera l’un, suivi des acquiescements et des rires des autres. Puis la conversation reprend : « tu sais qu’un tel, il a déjà subi trois opérations, et là ils vont certainement lui faire une vasectomie »…

Heureusement, Kelyan est assez détestable pour me faire oublier les fins de vie difficiles et me concentrer sur son éducation en public.
Arme n°1 : le discours solennel. Sans succès. « Kelyan, cesse de faire l’enfant » 😉
Arme n°2 : la menace. « Si tu n’es pas sage (comprendre : arrête de te lever de table pour risquer de tomber dans la piscine, de chanter fort, de te contorsionner sur la chaise, de toucher aux verres de vin, de parler encore plus fort en montrant chaque client du doigt, de réclamer de rentrer…), on te confisque Doudou et tu n’auras pas de sucette… et tu ne viendras plus avec nous au restaurant. » Arme effective quelques minutes seulement.
Arme n°3 : la colère. Le ton monte et se fait beaucoup plus strict. Idem, ça ne fonctionne pas longtemps.
Arme rêvée en secret : la pension en Suisse jusqu’à ses 18 ans ^^

Les plats de résistance arrivent. Voici pour nous :

De prime abord, ça peut faire un peu nouvelle cuisine avec rien à manger dans l’assiette mais en fait non. Il y a une multitude de produits et la quantité est idéale et parfaitement calculée pour finir le repas repus mais légers, satisfaits d’avoir gouté à tant de saveurs différentes.

Thibaut, aidé de la serveuse, choisit un Pouilly 2OO5 pour accompagner le tout. Une 1/2 bouteille dont on viendra à bout sans trop de difficulté ^^

Et voici pour Kelyan. On saisit là toute la différence entre une purée mousseline et une mousseline de purée ^^ :


Kelyan déguste sa « chips salée » maison


Le pain : la base de l’alimentation de notre fiston. Celui-ci est particulièrement bon, probablement cuit sur place et amené chaud et croustillant à la table.


Kelyan déguste sa « chips sucrée » maison


chantilly et glaces vanille et fraise maison

Franchement, 12€ pour le menu enfant c’est très raisonnable. On aurait eu tort de s’en priver, non ? ^^

Après la ronde des fromages… Pardon, on n’est pas chez Flunch. Après le plateau de fromages fermiers, on nous apporte un pré-dessert. Tout comme les pré-entrées non indiquées sur le menu, on ne s’y attendait pas mais cette fois-ci l’appareil photo est déjà sorti.

Sorbet de poivron rouge et chips de tomate :

Sept différences se sont glissées entre la photo précédente et celle qui suit. Sauras-tu les découvrir ?

Puis vient le dessert :

Thibaut adore. Personnellement, j’admire la qualité du plat proposé mais mon taux de sucre dans le sang augmentant de façon exponentielle à chaque nouvelle cuiller, je regrette un peu que le bouquet final ne soit pas aussi subtil que le reste du repas. Manger dans un restaurant une étoile me monterait-il déjà à la tête ? ^^
N. de T(ibo) : c’est juste que tu es toujours un peu plus difficile pour les desserts ^^

Je fais visiter à Kelyan le reste du jardin pendant que le chef de famille fait chauffer la carte bleue (ouf, elle passe encore…) :

C’est ici que Kelyan se permettra de lancer un caillou dans la piscine avant que je n’ai eu le temps de réagir (trop occupée à prendre des photos peut-être). Mais qu’est-ce qui peut lui passer dans la tête parfois à cet enfant ??!!…


là il copie des gens qu’il a vus prendre l’apéritif en terrasse précédemment. « Mais pou’quoi nous pas dehors ? »


Restaurant 1 étoile, quand on pense que certains campings vont jusqu’à 5 étoiles ! ^^


Il ne peut décidément pas s’en empêcher !

Voilà, si vous voulez l’adresse, Hélène et Manu (entre autres), c’est : Cayola, 76 Promenade de Cayola – 85180 Le Château d’Olonne.
http://www.le-cayola.com

😀

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12 commentaires

  1. Dépenser comme des sagouins, c’est la vie^^
    Ca me rappelle notre très couteuse semaine « anniversaire LN-nouveau poste sur paname-anniversaire mariage », arrosée à coup d’Auberge Dab – Pershing Hall – boucles d’oeilles en diamant, qui a porté au rouge nos carte bleues… Un très beau festival de dépenses somptuaires, sans le moindre remord…
    Merci pour les citations copyrightées, on vous offrira de quoi recouvrir vos immondes boites de mouchoirs pour la peine. Si si, j’insiste 🙂

    PS:

  2. je disais donc

    PS: au plaisir de se voir autour d’une bonne table tous les 4

  3. Merci d’avoir testé pour nous ce restaurant réputé dans la région. Nous espèrons qu’en Août nous pourrons(enfin)y aller et comparer avec « Le Clipper » des Sables où là aussi c’est..succulent et raffiné.
    Voilà Georges de bonnes adresses… et le musée de l’automobile à deux pas!!
    Maryse

  4. Pour info… Nous sommes aussi allés au Clipper 😀 C’était effectivement très très bon, j’ai tout de même préféré le Cayola.

    Manu, RDV est pris autour d’une belle table parisienne 🙂 Hélène pourra mettre ses boucles 😉

  5. Pas de doute, au pays des envies de tout, nous nous sommes reconnus. Pas de limites aux plaisirs de la tentations, ou un peu pour que nous ne nous sentions pas complètement coupable.
    5h dans Paris, après avoir laissée Mon fils et mon amant pour les eaux océaniques, et me voilà lestée de 200€ pour trois vêtements. Raisonnable?
    Dites les courageux parents, continuez à narrer les jolis frasques de votre petit génie, et Hugo attendra ses 14 ans pour goûter aux joies du restaurant.
    Cécile, lyonnaise pas en vacances mais libre comme une célibataire qui va en profiter.

  6. Alors, petit récap.:
    1) la criiiise si Kelyan avait dit:<>
    2) un conseil : pour être zen au resto, il faut laisser le môme dans la voiture… ça se pratique beaucoup actuellement !
    3) 1/2 bouteille pour 2 ! t’as à peine de quoi le gouter.
    4) les 7 Zerruers:
    – p’tite cuillère pour gaucher en haut et droitier en bas
    – en bas, la nappe est sale
    – plis de la nappe pas pris sous le même angle
    – en bas, verrinne sale
    – en haut, ouverture 8,6 et 4,3 en bas
    – 4 secondes entre les 2 clichés
    – vitesse de prise de vue diffèrente
    – photo du haut pas pareil que celle du bas
    5) et que se passe-t-il dans la tête de sa mère pendant qu’elle « mitraille » et que le p’tiot est livré à lui-meme ??????????
    6) OK Maryse. toutefois, évite de dire qu’ils sont de ta famille… l’entrée pourrait t’être refusée. Quant au musée auto, je pense le faire cette année.

  7. Georges, merci pour vos conseils éclairés 😉 On a bien pensé à le laisser dans la voiture, mais on avait peur que le parking soit surveillé et qu’on nous le ramène !! 😉 La demie bouteille, c’est surtout parce que Marie en boit très peu, et du coup j’ai pas envie de me finir la bouteille tout seul 😉
    Mais sinon, c’est vrai qu’on a eu quelques moments de « solitude », mais c’était tout de même une superbe expérience, et je pense que l’équipe du Cayola sera heureuse de nous revoir (enfin, j’espère) !!

    Cécile, tu as bien raison de te faire plaisir 😉

  8. On en a pas parlé dans ce post, mais ce que Marie a vécu avec la table des sexagénaires hypocondriaques, je l’ai vécu lors d’un autre repas en amoureux avec Marie dans un restau de Rouen… Cette fois-ci il était question de maladies nosocomiales, décrites avec force détails, et de contamination via le siège sur les lunettes des toilettes publiques… Tout un programme, qui m’avait bien mis en appétit ! 😉 Depuis quand je vois une table de petits vieux au restaurant, je m’arrange pour que ce soit Marie à côté d’eux 😉

  9. J’adore l’aveux de l’arme rêvée en secret : la pension en Suisse jusqu’à ses 18 ans ^^ 🙂
    Encore une fois, un regal de vous lire, et effectivement les photos donnent l’eau à la bouche !
    A tres vite pour un gueuleton sans etoiles, mais ou le Pouilly fumé coulera a flots ! 😉
    Marie et Greg

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